Rallye de Sardaigne: L'histoire secrète du Micky's Jump...

Comment un spot anodin transformé en passage incontournable a fait décoller les plus grands noms du WRC à Monte Lerno.

C'est un spot du Rallye de Sardaigne devenu culte, où les agents de sécurité doivent redoubler d'efforts pour contenir certains spectateurs trop curieux.

Ces derniers sont prêts à tout pour être au premier rang, au risque de se manger des projections de caillasses, provoquées par le passage des bolides.

Bienvenue au Micky's Jump.

Pour atteindre ce lieu emblématique de la compétition, il faut emprunter les petites routes sinueuses qui mènent au cœur de la forêt de Monte Lerno, à quelques kilomètres du petit village de Pettada.

C'est ici que Michele Carta a conçu et façonné, en 2005, le célèbre Micky's Jump :

« Je connaissais le coin mieux que quiconque et en plus de ça, j’avais travaillé sur certains itinéraires du Rallye Smeralda en 83 et 84.

J’ai donc observé ce qu’il se passait au niveau du Monte Lerno.

Les voitures défilaient, sans qu'il ne se passe quoi que ce soit de spécial.

C’était plat et ennuyeux, il manquait un truc.

C'est à ce moment-là que j’ai eu l'idée de faire quelque chose avec ce terrain. »

Une idée qui va redonner un peu de piment à cette 2ème édition du Rallye de Sardaigne (anciennement Rallye Sanremo), une nouvelle formule qui n'a pas séduit les fans et les critiques lors de sa création en 2004.

C'est pour cette raison que Carlo Cassina, l'ancien gérant du RIS, veut mettre le paquet en amenant un peu de nouveauté à ce circuit.

Grâce à Michele, le résultat est à la hauteur :

« Ça a pris très peu de temps à construire, étant donné qu'il n’y avait rien à changer.

Dès sa première utilisation en 2005, nous avons su que ça fonctionnait. »

Une construction rapide et simple qui se contente de suivre l’inclinaison naturelle de la route :

« L’année suivante nous avons affiné un peu plus la montée, car ça restait très dangereux pour les voitures.

Beaucoup de pilotes avaient du mal à comprendre comment passer cette partie. »

Sans parler du risque d'endommager le moteur à l’atterrissage.

C'est un saut particulier...

Avant de sauter, on ne voit que le ciel !Ott Tanak

Un danger encore présent aujourd'hui, comme en témoigne Latvala :

« Le Micky’s Jump est très difficile car la montée est aussi raide que la pente d’atterrissage.

Donc en toute logique ça tape le pare-choc avant.

Et ensuite vous avez le virage à maîtriser.

À défaut d’arriver pile au centre il faut resserrer sur la gauche… »

En effet un saut vertigineux ne suffit pas, il faut en plus se coltiner un virage très serré à l'atterrissage.

Autant de contraintes qui font du Micky's Jump un passage indompté même pour les plus habitués, Mads Ostberg inclu :

« C’est toujours un plaisir, j’ai fait ce saut tellement de fois et pourtant à chaque fois que j’y arrive, je ne sais pas ce que je vais faire.

C’est différent chaque année !

En sachant qu’on doit assurer le show un minimum pour les spectateurs, la dernière chose qu’on a envie de faire c’est de se planter. »

Bref, autant de sensations fortes du côté des pilotes et des spectateurs, que les photographes ne manquent pas d'immortaliser :

« Je me souviens du premier vrai saut, c’était celui de Mark Higgins. Quand sa Focus blanche a atterri, tous les fans ont hurlé de joie. » se souvient Massimo Bettiol, photographe officiel du RIS.

Le RIS est aujourd'hui l'un des rallyes les plus populaires du WRC, grâce au Micky's Jump :

« Je ne manque pas une seule édition !

Chaque année je me rends au Monte Lerno pour profiter du spectacle et c’est toujours un plaisir de voir les fans toujours plus nombreux. C’est une bonne chose pour le rallye, et pour la Sardaigne. » nous confie Michele que l'on surnommait... Micky.

Et oui tout s'explique.