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RALLYE-PASSION FRANCE

« Un ingénieur en Rallye doit être un peu leader… et psychologue »

« Un ingénieur en Rallye doit être un peu leader… et psychologue »
« Un ingénieur en Rallye doit être un peu leader… et psychologue »

Ingénieur sur la Volkswagen Polo GTI Rally2 de l’équipe GoDrive, Janis Urcs joue un rôle capital dans les performances de Vincent Verschueren et Filip Cuvelier.

Rencontre avec ce letton de 35 ans vivant à fond sa passion pour le Rallye ! 

 

Sur le podium d’arrivée, l’équipage savoure sa performance.

Aux yeux de tous, un pilote, un copilote et leur monture ont brillé sur les étapes spéciales.

Même s’il se dispute en duo, contrairement aux épreuves sur circuit, le Rallye ne met en lumière que deux individus.

Dans les coulisses, pourtant, les connaisseurs savent que c’est toute une équipe qui a dû jouer sa partition à la perfection : la logistique, les mécanos, les responsables du catering et… les ingénieurs.

Depuis un an environ, l’équipe GoDrive dirigée par Gaby Goudezeune a décidé de de faire confiance à Janis Urcs pour l’aider à extraire le maximum de sa Volkswagen Polo GTI Rally2 portant les couleurs du Belgian VW Club.

« L’ingénieur a un rôle crucial », explique d’emblée Vincent Verschueren, le pilote emblématique de la structure basée dans le Westhoek. 

« En adaptant les réglages de la voiture au terrain et au pilote, il la rend plus performante.

Chaque pilote ayant un style qui lui est propre et les conditions étant souvent changeantes en Rallye, il faut sans cesse adapter ces réglages…

L’ingénieur cherche les détails. Il analyse.

Il donne des points d’amélioration sur la voiture, mais aussi sur mon pilotage…

C’est un acteur majeur de la performance ! »

 

De Riga à Ypres

Collaborant depuis pratiquement un an avec GoDrive en tant que « freelance », Janis Urcs vient d’un pays ayant une culture limitée en sport automobile. 

« C’est vrai », sourit-il. 

« J’habite à Riga, en Lettonie.

Je me suis passionné pour le sport automobile quand j’étais jeune.

Bizarrement, je n’ai jamais eu l’envie de piloter moi-même et je me suis dit que j’allais devenir ingénieur.

Au départ, ce sont plutôt les courses sur circuit qui m’attiraient… mais il n’y a pas d’équipe professionnelle en Lettonie. »

Il n’y a pas non plus d’école spécialisée dans le sport automobile !

Janis a donc suivi un cursus classique à la Riga Technical University. 

« Et puis, même si je rêvais de sport auto, il a bien fallu que je travaille… », reprend le gaillard de 35 ans.

 « J’ai donc été engagé dans une concession automobile où j’avais déjà bossé pendant mes études. »

Puis l’opportunité, la chance d’une vie même, se présente.

 « J’ai pu rejoindre SRT (Sport Racing Technologies, NDLR), qui est une équipe lettone impliquée en Rallye.

J’ai quitté ma maison pour aller vivre près de Riga et c’est à partir de là que tout a commencé. »

À l’image de GoDrive, SRT est une petite équipe avec des moyens limités, mais c’est souvent là que l’on apprend le plus. 

« Tu n’apprends pas au contact d’un ingénieur expérimenté puisque tu es souvent le seul ingénieur », s’amuse Janis. 

« Là tu réalises qu’il y a un grand pas entre ce que tu as appris à l’école et ce qu’il faut faire dans la compétition de haut niveau.

L’école te donne un état d’esprit.

L’expérience, c’est sur le terrain que tu te la forges.

J’ai toutefois eu la chance de travailler assez rapidement avec un pilote rapide : Nikolay Gryazin.

Je crois pouvoir dire que nous avons grandi ensemble.

Je dis parfois en plaisantant que j’ai eu la chance de trouver quelqu’un qui a payé pour que je me fasse mon expérience.

C’est évidemment un peu exagéré, mais nous avons effectivement pu essayer beaucoup de choses ensemble et nous avons appris énormément. 

La confiance que j’ai reçue de Nikolay Gryazin et de son père, Stanislav, a été un tournant dans ma vie. »

C’est parce que Nikolay Gryazin a roulé avec une Volkswagen Polo GTI Rally2 à Ypres en 2021 que Janis est entré en contact avec l’équipe GoDrive. 

« Vincent avait vu que Nikolay était performant sur ce rallye spécifique et il s’est renseigné sur le nom de son ingénieur », raconte Janis. 

« C’était flatteur !

Pour un ingé comme pour un pilote, il n’y a pas de meilleur publicité que les résultats.

Ça m’a fait plaisir d’être associé à la performance de Nikolay. 

Et j’avais envie de prouver que, contrairement à ce que certains ont sous-entendu lors de l’arrivée de la Polo GTI Rally2 dans votre pays, cette voiture peut être performante en Belgique. »

 

La passion de GoDrive

Avec GoDrive comme avec toute nouvelle équipe, le Letton a dû convaincre. 

« Même si je n’aime pas l’idée parce que c’est un travail d’équipe, je dois bien reconnaître que l’ingénieur a un peu un rôle de leader.

En fait, il faut gagner la confiance des mécanos.

Parfois, quand tu leur fais changer plein de choses durant une séance d’essais, ils peuvent avoir l’impression que tu abuses.

Surtout quand tu reviens en arrière… (Il rit, NDLR) 

En général, les mécanos professionnels comprennent.

Dans les petites équipes, avec des mécaniciens qui sont parfois des amis ou des bénévoles, c’est plus compliqué.

Je dois toutefois dire que j’ai été très agréablement surpris par les membres de GoDrive.

C’est certes une équipe de taille réduite, mais ses membres ont une approche tellement professionnelle !

Les mécanos ne sont pas des pros dans le sens où le Rallye est un hobby pour eux, mais ils ont une passion débordante pour ce sport et ils font un boulot remarquable.

C’est ce qui me marque le plus avec cette équipe et c’est aussi pour ça que c’est toujours un plaisir de travailler avec eux. »

Si l’ingénieur collabore avec les mécaniciens, c’est avant tout avec le pilote qu’il doit trouver la manière de travailler ensemble. 

« Ingénieur, c’est être à l’écoute de ses besoins.

Il faut même être un peu psychologue parfois ! », s’amuse Janis. 

« Car il faut améliorer la voiture pour que le pilote soit en confiance, mais il faut aussi lui expliquer que, parfois, il peut gagner du temps dans son pilotage.

Par exemple, Vincent est un fantastique freineur !

Je pense que ça vient de son passé dans les courses de vitesse pure en moto : il sent la pression idéale à exercer sur la pédale de freins.

Quand je regarde ses datas, j’ai parfois envie de dire que c’est le dessin parfait…

Par contre, il sait qu’il doit parfois rentrer moins vite dans une courbe pour améliorer sa sortie de virage.

Peut-être parce qu’il veut être plus spectaculaire pour ses nombreux fans, mais parfois il gagnerait du temps en étant plus propre.

Car les km/h de plus à la sortie du virage, vous les emmenez dans toute la ligne droite qui suit.

Ça peut vite représenter plusieurs dixièmes de seconde... »

 

Chacun sa place

Au vu des performances de Vincent Verschueren, qui a notamment remporté le TAC Rally au printemps, la collaboration avec Janis Urcs porte ses fruits.

L’ingénieur letton a su trouver des solutions pour rendre la Volkswagen Polo GTI Rally2 plus efficace sur les parcours belges, qui se caractérisent souvent par une adhérence moindre, une vitesse moyenne élevée et des grosses « cordes » (le fait de couper l’intérieur du virage, NDLR).

Janis est donc un artisan de la performance.

Mais, parfois, n’y-t-il pas une certaine frustration d’être dans l’ombre ?

 « Ah non, pas dans mon cas », affirme l’ingénieur. 

« Je dirais même que je trouve le Rallye assez juste sur ce point.

Bien sûr, c’est un travail d’équipe et c’est souvent le pilote qui est mis en avant.

Mais avez-vous déjà pensé à la pression que lui-même doit endurer ?

S’il commet une erreur, c’est aussi lui qui est pointé du doigt !

Il doit assumer publiquement une sortie ou une méforme.

Alors que, si un mécano commet une erreur et que la voiture renonce, on dira que c’est un problème mécanique, et pas la faute de Pierre, Paul ou Jacques. 

Bref, chacun sa place… moi ça me convient ainsi ! »

Travailleur de l’ombre, mais terriblement efficace, Janis Urcs méritait bien d’être placé sous les projecteurs !

« Un ingénieur en Rallye doit être un peu leader… et psychologue »
« Un ingénieur en Rallye doit être un peu leader… et psychologue »
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« Un ingénieur en Rallye doit être un peu leader… et psychologue »

 

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